Pourquoi une aire maraîchère

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Pourquoi aire de maraîchage ?

Il s’agit d’un projet déjà ancien, devenu urgent.

1)La demande existait déjà en 2003 mais un autre projet, plus urgent pour des éleveurs nomades, avait eu la priorité : un fonds de commercialisation du bétail et son complément, un magasin de biens de l ère necessité ,    près du puits commun des 8 tribus.

2)En 2007, la question revient sur le tapis : une aire maraîchère ou une école ?

Les tribus ont estimé qu’une école était prioritaire. Cette école communautaire, gérée par la coopérative Ekèw et agréée par l’Etat, fonctionne de manière satisfaisante depuis 2008.

3)2019 :

Le projet a démarré par un devis de la clôture d’un hectare et demi de l’aire maraichère définitive. Les conditions climatiques et politiques en font une urgence.

Pourquoi une urgence ?

1ère raison :

La dégradation du climat :

Depuis les grandes sécheresses des années 70 et 80 et la désertification accrue qui s’en est suivie, le climat devient de plus en plus imprévisible : depuis 2013 ce sont des inondations qui noient les troupeaux et détruisent les cases en brique crue.

sur le plan économique, les populations de la commune de Tenhiya (celles de la zone d’Ib’Dnaza en font partie) n’ont que l’élevage comme source économique.

Cette activité est chaque année mise davantage à mal, d’une part, par des saisons de pluies de plus en plus insuffisantes et irrégulièrement réparties dans le temps, provoquant ainsi une rareté de fourrage accrue d’année en année et, d’autre part, une prolifération des maladies animales inconnues jusqu’ici des éleveurs qui, en plus, ne connaissent pratiquement rien des soins vétérinaires ou ne peuvent pas accéder aux services de l’Etat de l’élevage.

Le site d’Ib’Dnaza devient de moins en moins un espace pour l’élevage et de plus en plus un hameau : d’année en année, le fourrage se raréfie tout autour et des maladies animales inconnues des éleveurs de la zone s’y développent ». (Rapport 2016 de notre correspondant à lb’Dnaza).

2ème raison :

L’insécurité dans toute l’Afrique de l’ouest.

« Outre la récurrence des vols d’animaux et les attaques sporadiques des axes routiers ruraux avec brutalisation et dépouillement des personnes de leurs biens.

A elle seule la piste rurale lb’Dnaza-Tanout, celle conduisant au marché rural hebdomadaire du site d’Ib’Dnaza, fut l’objet de 2 interceptions des camions de transport par des bandits armés circulant à bord des véhicules 4 x 4.

Il y a aussi des actions de grande criminalité conduites soit depuis le Sud-Est de la région d’Agadez soit depuis le grand désert de l’Est ».

Si le nomadisme devient trop dangereux et l’élevage trop peu rentable, l’unique chance de survie dans la zone devient le maraîchage. Les nomades ne veulent ni des bidonvilles où leurs valeurs et leur culture se perdraient, ni de l’exil. Si le maraîchage doit un jour devenir une ressource vitale pour les tribus, l’école doit leur montrer la voie

.

« La pertinence et la nécessité d’une aire maraîchère pour l’école ne sont pas à démontrer outre que ça procurerait aux élèves des légumes frais (Ce qu’ils n’ont jamais l’occasion de manger) et du fait influer positivement sur les quantités de stock de vivres scolaires à acheter chaque année, ça leur donnerait aussi une ouverture d’esprit sur la pratique des activités autres que l’élevage dont la continuité devient aléatoire d’année en année, amenant même à se questionner sur la durée de sa survie.

  • Elle permettrait par ailleurs de donner aux enseignants un support physique des APP (activités physiques et pratiques) ».

Le potager de l’école pourrait servir de banc d’essai et de modèle pour les parents.

Pourquoi une clôture métallique solide ?

A cause du bétail.

Toutes sortes d’animaux se baladent aux alentours du puits : ânes, chameaux, chèvres, et à la saison des pluies, troupeaux de zébus.

Il est plus simple d’enfermer les légumes que les animaux.

« Le problème du troupeau de chèvres de l’école revêt plusieurs dimensions .

  1. La viande n’est pas vraiment assurée.
  2. Le lait pour les bouillies n’est pas assuré non plus.
  • Le troupeau ne croît pas, pire il régresse progressivement, » (Rapport 2016 de notre correspondant à lb’Dnaza).

En 2014, notre association avait reçu un subside pour construire un enclos pour le petit troupeau de chèvres de l’école. Mais le troupeau n’allait pas bien. Les chèvres de l’école ont été confiées à un gardien qui transhume à 20 ou 30 km d’Ib’Dnaza. On espère qu’il livrera 1 cabri par mois pour la cuisine de l’école. L’enclos n’a donc pas été construit et la somme allouée a servi à des réparations urgentes dans les toits et les plafonds des classes et dortoirs.

Le proiet tient-il la route ?

Il semble que oui.

Les nomades ont, depuis 2 ou 3 ans, fait des essais de culture à lb’Dnaza.

Résultats mitigés : la terre étant très fertile, les semis lèvent fort bien ; mais les chèvres

(toujours elles) affamées, mangent tout. Même en s’installant sur les parcelles la nuit, les gens n’ont pas pu les en empêcher. Même les haies d’épineux sont mangées I Seule une clôture solide pourrait les dissuader.

En 2017, un potager dans l’enclos de l’école a vu le jour. En 2018, la récolte a été un succès.

Si ce premier essai a réussi avec toutes les mises au point nécessaires — on pourra penser, d’ici quelques années à un potager plus grand avec une retenue d’eau éventuellement. L’exemple d’un mini-potager réussi pourrait peut-être servir de modèle à des populations dont l’activité traditionnelle ne rapporte plus assez ; ce serait un encouragement à s’initier à un métier.